Le CTO Data de Microsoft, Raghu Ramakrishnan, a quitté Yahoo pour rejoindre la firme de Redmond en 2012. Il a ramené avec lui un intérêt aigu pour l’open source, enraciné dans sa connaissance des premières ébauches d’Hadoop.
Lors d’un échange avec ZDNet à Sidney cette semaine, Ramakrishnana a décrit les investissements faits par Microsoft dans le secteur de l’open source et a expliqué pourquoi le concepteur de Windows s’implique autant dans l’open source.
Aujourd’hui chez Microsoft, Ramakrishnan a été professeur pendant 20 ans à l’université du Wisconsin. L’open source prend ses origines dans la recherche académique et, selon Ramakrishnan, cet esprit des origines continue d’exercer son influence sur le secteur et par extension, sur Microsoft.
« C’est un secteur au sein duquel beaucoup de contributeurs ont eu un doctorat en travaillant à un moment ou l’autre sur des technologies de base de données », explique-t-il. « C’est un secteur particulièrement technique. Nous ne sommes pas simplement altruistes, c’est un moyen pour nous de rester impliqué au sein de la communauté. »
Il explique que Microsoft se considère à l’intersection de la communauté de la recherche et du monde de l’entreprise, et que la société s’implique et contribue largement à l’open source.
Mais ce n’est pas simplement de l’évangélisation : Microsoft obtient beaucoup en retour.
« Nous avons un certain nombre d’étudiants en master ou en doctorat. Donc pour nous, être visible, être un leader d’opinion, cela ne sert pas uniquement les secteurs qui nous intéressent, cela nous donne également une véritable crédibilité quand nous tentons de recruter les meilleurs éléments dans ce domaine » explique Ramakrishnan.
Le CTO invoque Hadoop pour expliquer le phénomène que constitue aujourd’hui l’open source. Il explique également que les entreprises sont à l’aise avec l’utilisation de l’open source. Mieux, elles l’exigent. « Microsoft a négocié un tournant remarquable au cours de la décennie passée et je pense que Satya (Nadella, PDG de Microsoft) a été décisif sur cet aspect » poursuit Ramakrishnan.
« Nous prenons nos clients là où ils se trouvent. S’ils veulent utiliser Linux, nous leur offrons du Linux. S’ils veulent MySQL, nous proposons MySQL, s’ils veulent NoSQL, nous proposons NoSQL. Pour nous, cela signifie que nous devons faire partie de la communauté open source, car l’open source est par nature communautaire. »
Microsoft n’a pas toujours été un fervent défenseur de l’open source. Mais lorsque la société a rejoint la Linux Foundation à la fin de l’année 2016, la communauté a pu avoir un aperçu de l’évolution de l’entreprise qui avait à l’époque qualifié Linux de « cancer. »
Selon Ramakrishnan, si Microsoft avait choisi le fork au lieu d’embrasser cette opportunité, « notre travail aurait rapidement fini ans l’impasse. De plus, il s’agit aussi d’être un bon citoyen numérique. »
« C’est un écosystème, une communauté au sens le plus élevé du terme. Si vous voulez devenir un vendeur de produits open source, et si vous souhaitez être pris au sérieux comme nous le souhaitons, vous devez faire partie de cette communauté » explique le CTO.
Et cela signifie que consommer ne suffit pas, il convient également de contribuer.
« Si à l’inverse, vous ne contribuez pas… Vous allez rapidement vous retrouver dans une situation ou des changements sont inévitables, car vos produits ne fonctionneront pas bien et vous n’aurez pas la crédibilité. Les gens ne vous écouteront pas et vous resterez bloqué, contraint de proposer du support sur une base de code que vous ne maîtrisez pas. »
Microsoft est aujourd’hui l’un des plus gros contributeurs des projets open source. Interrogé sur les éventuels refus que Microsoft aurait pu essuyer de la part de la communauté, Ramakrishnan confirme avec un sourire « Dans certains domaines, c’est le cas. »
Source : zdnet.fr